Jeudi 1er avril, l’écrivaine Brigitte Labbé a enchaîné quatre visios avec des élèves de CE2 des écoles des Rochers, Jean Monnet, Leopold Sédar Senghor et Charles de Gaulle, autour de son livre en lice pour le prix littéraire, Le livre des mots qui font peur.
École des Rochers
Aux Rochers, tout est parti du mot BOMBE dont on a commenté la morphologie et le champ lexical étonnamment plein de B (« blessure », « boum », « bruit »), jusqu’à créer un néologisme, « bsunami ». Puis, réflexion collective : « A quoi ça sert de connaître beaucoup de mots ? » Parmi les réponses : pour les expliquer aux autres, pour connaître les choses qu’ils désignent, pour écrire, pour communiquer, pour s’exprimer. Et, en toute fin, pour réfléchir. « Un être humain qui ne pense pas, ce n’est pas un humain, il ne sait même pas ce qu’il mange ! » lance un élève. La réflexion se poursuit, on arrive à Hegel : « C’est dans les mots que l’on pense ».
Face à un mot inconnu, les élèves ne se laissèrent pas déstabiliser : « oxymore ? comme auxiliaire ? comme mord ? comme mort ? comme occi-mort ? »
Bref, un débat à bâtons rompus !
École Jean Monnet
A Jean Monnet, les élèves ont commencé par poser leurs questions, sur le travail éditorial, le quotidien du métier d’écrivain et ce projet particulier des Mots qui font peur : « Petite, explique Brigitte Labbé, parler des mots qui me faisaient peur m’aidait à surmonter ma peur ». Toute la collection a ensuite été passée en revue, avec lecture d’extraits des Mots qui font rire (« cacao », « cucurbitacée », « fesses ») et des Mots qui font réfléchir (à commencer par « pourquoi », mais aussi « mathématiques » car d’après un élève « en mathématiques, il y a toujours des problèmes, donc ça fait réfléchir »). Lancés dans un grand mouvement créatif, les élèves ont donné à Brigitte Labbé l’idée du prochain titre de sa série, Les mots qui se transforment. Sitôt lancé, sitôt adopté ! Avec un avant-goût, de « livre » à « lire » et un poème improvisé autour de l’envol du V.
Pour finir, comparant la couverture des différents ouvrages et constatant que les enfants étaient absents de celle des Mots qui font peur, une élève a avancé cette explication : « C’est normal, ce sont des mots qui font peur aux enfants, alors ils sont tous partis ! ».
École Léopold Sédar Senghor
A l’école Léopold Sedar Senghor l’après-midi, la rencontre a débuté par un cri d’admiration : « Wow ! Il est beau !!! » alors que Brigitte Labbé découvrait aux enfants son livre sur Les mots qui parlent d’amour. Les participants sont ensuite revenus au thème du jour, « Les mots qui font peur », s’interrogeant sur la nuance entre la peur et d’autres sentiments. Ainsi, le mot « SDF » ne fait pas réellement peur, mais il attriste. En revanche, le mot « guerre » est vraiment porteur de peur, mais au fait, pourquoi fait-on la guerre ? Les réponses fusent : pour conquérir un territoire, pour se défendre ou… pour l’amour d’Hélène.
Enchantée, Brigitte Labbé a noté toutes les suggestions des enfants, en vue peut-être d’un prochain ouvrage. Mais elle a d’ores et déjà fait des émules, comme le lui a annoncé l’enseignante : « Quand vous viendrez nous voir, Madame Labbé, nous vous montrerons que nous aussi, nous avons écrit un livre ! »
École Charles de Gaulle
La journée s’est achevée avec la classe de Mme Massard, de l’école Charles de Gaulle.
Les enfants ont commencé par faire une liste de mots qui font peur, et ont remarqué que certains existent, la mort, le divorce, et d’autres pas, les fantômes. Ils en sont venus à s’interroger sur la différence entre croire et savoir. Et à constater que celui qui croit peut penser qu’il sait. Jusqu’à ce qu’une petite fille affirme que « chacun a sa pensée » , amenant ainsi la notion de tolérance. Et Brigitte Labbé de conclure « Quand on accepte de croire, et non de savoir, c’est la politesse de l’esprit. On laisse de la place à l’autre ».
Auteurs : Anne-Sophie Catalan, Adjointe au service Education de la ville de Clamart
Aurélie Lanta, responsable jeunesse des médiathèques de Clamart